Déclaration de politique générale - Intervention de Monsieur François Lebovy

Monsieur le Président, Madame la Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les échevins, Chers collègues,

Nous voici réunis pour discuter de votre Déclaration de Politique Générale, un document censé tracer les grandes lignes de l’avenir d’Auderghem. Un texte ambitieux, qui affiche de grands principes : transparence, participation citoyenne, durabilité, solidarité. Des valeurs que nous partageons, bien sûr. Mais une question essentielle se pose : comment ces belles intentions vont-elles réellement se traduire dans la pratique ?

Vous affirmez que "chaque formation politique de la majorité garde son autonomie au conseil communal sur ses compétences". Cela signifie-t-il que nous devons nous attendre à des désaccords entre vos partenaires ? Que se passera-t-il lorsque des sujets dépassant la stricte échelle communale exigeront une position forte et unie ? Serez-vous capables de parler d’une seule voix, ou verrons-nous une majorité à géométrie variable ?

Une gestion publique unie… mais pour qui ?

Vous promettez une "gestion collégiale et transversale", mettant fin aux "politiques cloisonnées". Pourtant, dans une commune où DéFI détient la majorité absolue, cette collégialité est davantage une affaire interne au Collège qu’un véritable dialogue ouvert à toutes les forces du Conseil communal.

Votre promesse de "rigueur budgétaire exemplaire" et de "débat public annuel sur le monitoring financier" paraît séduisante. Mais lorsqu’on sait que les documents budgétaires sont souvent envoyés sept jours seulement avant le Conseil, comment garantir une analyse sérieuse et une discussion réellement ouverte ? S’agit-il d’un débat, ou simplement d’une validation de décisions déjà prises en coulisses ?

Vous parlez d’engagement pour une participation citoyenne renforcée mais nous attendons de voir les mécanismes concrets qui permettraient d’aller au-delà de simples consultations ponctuelles. Quel pouvoir réel laisserez-vous aux citoyens ? Ou seront-ils réduits à un rôle de spectateurs avec un saupoudrage de consultation ?

Une commune durable… vraiment ?

Lutter contre l’imperméabilisation des sols, limiter l’impact du changement climatique : oui, c’est essentiel. Vous dites vouloir "imposer des limites strictes aux nouveaux projets d’aménagement", mais où sont les critères précis ? Sans cadre clair et contraignant, cette politique risque d’être appliquée de manière opportuniste, selon les projets et les promoteurs concernés.

Vous affirmez vouloir "maintenir la pression sur Sibelga" pour accélérer la transition énergétique. Mais que peut réellement faire la commune sur un calendrier qui relève des compétences régionales ?

Et puis, il y a les écoles. Vous encouragez la labellisation "Eco-School Brussels", mais pourquoi ne pas viser plus haut ? Sous la précédente législature, notre échevine portait la labellisation Good Food des cantines communales. Pourquoi cet objectif, qui aurait eu un impact direct sur la santé et l’environnement, a-t-il disparu de votre programme ?

Qualité de vie et urbanisme : un discours qui nous apparaît un peu ambigu.

Vous revendiquez un refus de la densification excessive et annoncez des recours systématiques contre certains permis régionaux. Mais quelle est votre alternative pour répondre à la pression démographique et à la crise du logement ? Refuser toute densification sans proposer une urbanisation cohérente, c’est risquer d’exclure encore davantage les jeunes ménages et les familles à revenus moyens.

Vous annoncez la digitalisation des services urbanistiques. Très bien. Mais cette modernisation prendra-t-elle en compte les publics les plus vulnérables ? Et surtout, inclura-t-elle plus de transparence sur les projets en cours ?

Et enfin, cette phrase qui intrigue : "Nous continuerons à nous opposer fermement à la réduction des collectes de poubelles". C’est une posture populiste, mais quelle est votre stratégie pour améliorer le tri, réduire les déchets et encourager l’économie circulaire ? Ou doit-on comprendre que votre gestion des déchets se résume à "on garde tout comme avant" ?

En termes de mobilité, il y a des contradictions à lever.

Vous voulez "maintenir une position stricte" sur le PAD Herrmann-Debroux. Mais s’agit-il d’une réelle négociation pour obtenir un projet bénéfique pour les Auderghemois ? Cela semble pour l’instant un blocage systématique sans alternative crédible ?

L’investissement dans le stationnement sécurisé pour vélos et les infrastructures cyclables est un pas dans la bonne direction. Mais soyons honnêtes : Auderghem est en retard sur ses voisines. Où est votre plan global de transformation de l’espace public en faveur des mobilités douces comme mentionnée dans le principe STOP ?

Enfin, une contradiction flagrante : vous voulez "favoriser la transition vers les véhicules électriques" en multipliant les bornes de recharge et les box vélos, mais en même temps, vous refusez la réduction des places de stationnement en voirie. Comment comptez-vous concilier ces deux priorités ?

Culture, sport et accessibilité : un engagement que nous vous demandons d’approfondir

Vous parlez d’une offre culturelle accessible à tous. Pourtant, aujourd’hui, pour assister à un spectacle comme dernièrement "La machine des enfants" au Centre culturel, il faut débourser entre 16€ et 20€ par enfant et jusqu’à 24€ par adulte. Peut-on réellement parler d’accessibilité à la culture ?

Vous promettez de rénover le Rouge-Cloître en un pôle culturel majeur. Nous serons vigilants à ce que ce projet ne devienne pas une vitrine touristique déconnectée des besoins culturels des Auderghemois.

Vous soutenez les clubs sportifs, et c’est essentiel. Mais quels engagements précis prenez-vous en matière d’accessibilité de tous et pour le développement d’infrastructures écoresponsables au-delà des effets d’annonce ?

Et les animaux ?

Vous affirmez vouloir préserver la biodiversité animale. Très bien. Mais pendant ce temps, par exemple, vous achetez des souffleuses bruyantes et polluantes pour "faciliter le travail des employés communaux" et ne mettez pas réellement d’application les sanctions liées à l’interdiction des feux d’artifices. N’est-ce pas contradictoire ?

En conclusion, vous faites beaucoup d’effets d’annonce, mais nous ne voyons que trop peu d’engagements concrets. La lecture de la note explicative parle d’elle-même : Deux-tiers des projets sont indiqués comme “continu” dont certains sont étonnants comme par exemple votre volonté de “Communiquer de manière claire et complète pour que chaque citoyen ait accès à une information adéquate.”. Sous-entendez-vous que vous ne le faisiez pas avant ? Soit. Clairement, la majorité de vos propositions ne sont que l’héritage de l’action passée et non d’une commune qui se voudrait pionnière ou qui s’en targuerais.

Votre Déclaration de Politique Générale affiche des valeurs fortes : transparence, durabilité, participation, solidarité. Nous en partageons l’ambition. Mais nous voulons des actes, pas seulement des intentions. C’est un peu comme si vous nous disiez “Dépêchons-nous de ne pas bouger”

Nous veillerons à ce que ces engagements ne restent pas de simples promesses vagues. Nous attendons des garanties sur la participation citoyenne, des engagements clairs sur le logement, une cohérence sur la mobilité et un véritable effort sur la transition écologique et sociale.

Les valeurs que vous défendez dans votre déclaration sont justes et nécessaires. Mais pour être crédibles, elles doivent être suivies d’actes forts, lisibles et mesurables. À ce stade, nous voyons surtout des intentions louables, parfois de la poudre aux yeux aussi. Ce que nous ne voyons pas ou trop peu, ce sont des mécanismes concrets pour s’assurer que les belles intentions se traduisent dans la réalité quotidienne des Auderghemois.

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