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21/12

Après 27 ans de mayorat, Didier Gosuin cède son écharpe

Didier Gosuin dépose l'écharpe mayorale. À 69 ans, celui qui aura dirigé la commune pendant 27 ans a décidé de transmettre le flambeau. "Je ne veux pas finir comme ces vieux bonzes qui s'accrochent à leur strapontin. La génération suivante est là. Il est temps de céder la place".

Il l'avait annoncé à l'issue des dernières élections communales : il s'agissait de son dernier mandat. Didier Gosuin aura donc tenu parole, au grand dam d'une part importante de la population auderghemoise avec laquelle il entretient une relation quasi fusionnelle. Une histoire d'amour commencée en 1977...

Le jeune Didier Gosuin a alors à peine 25 ans. Premières élections, premier mandat : le voilà déjà échevin. Très vite, celui-ci se distingue par des idées avant-gardistes et un sens de l'initiative qui frise l'hyper-activité. C'est lui qui, avec près de 20 ans d'avance, prendra la première mesure antitabac de l'histoire de Belgique. "J'avais pris la décision d'interdire la publicité pour le tabac sur tout le territoire communal. À l'époque, les cigarettiers s'affichaient en grand sur les panneaux publicitaires. Pour bien marquer le coup, on avait donc pris des brosses et de la colle et on avait été les recouvrir de papier blanc. C'est évidemment passé au JT, à la radio, dans la presse : tout le monde en parlait. À l'époque, la lutte contre le tabagisme n'était pas une priorité. Il a fallu encore 20 ans avant qu'elle ne le devienne mais le débat était lancé".

Un parcours atypique

Au-delà des coups d'éclat, Didier Gosuin se définit avant tout comme un gestionnaire pragmatique. Secrétaire d'État en 1989, ministre en 1991, bourgmestre en 1995 : le parcours de l'Auderghemois est celui d'un homme politique atypique, plus intéressé par les exercices d'anticipation que par les grands principes idéologiques. "Didier aurait pu avoir une carrière fédérale mais cela ne l'a jamais intéressé", confie un vieux compagnon de route. "Il a toujours eu deux passions : sa commune et la Région bruxelloise. Cela l'a amené à prendre des décisions radicales, souvent très en avance sur son temps. Toute la politique environnementale qui est menée aujourd'hui en Région bruxelloise, c'est lui qui l'a mise en place dans les années 90 : Greta Thunberg n'était pas née !"

Ce sens de la réalité de terrain s'accompagne d'une attention particulière (certains parleront d'une obsession) pour les chiffres. "Dès qu'on parle budget, Didier Gosuin est redoutable", souffle un ancien adversaire politique. "On peut résumer sa vision en quelques mots : le moins possible pour les dépenses de fonctionnement ; le plus possible pour les investissements. En 27 ans, il n'a ainsi jamais changé le mobilier de son bureau : il nous reçoit toujours dans les vieux fauteuils élimés qu'il a hérité de son prédécesseur. Par contre, Auderghem est depuis longtemps l'une des communes bruxelloises qui investit le plus par habitant : il a rénové toutes les écoles communales, reconstruit toutes les crèches, érigé le premier centre dédié au sport féminin, réhabilité le quartier de la Chasse Royale, propulsé l'académie de musique en lui offrant une infrastructure acoustique unique, créé la promenade verte, attiré le Chirec, etc. Qu'on l'apprécie ou pas, il laisse un bilan impressionnant".

Frugal avec lui-même, exigeant pour les autres

Frugal avec lui-même, exigeant pour les autres. Le bilan de Didier Gosuin, c'est aussi ça : depuis 27 ans, les Auderghemois figurent parmi les Belges qui paient le moins d'impôts locaux. Un avantage fiscal qu'il a réussi a maintenir malgré la crise Covid.

"Être bourgmestre, c'est à la fois être comptable, manager d'équipe, chef des travaux, assistant social, juriste, policier, urbaniste, psychologue...", conclut Didier Gosuin. "C'est une fonction qui demande de plus en plus de compétences dans un monde de plus en plus complexe. Voilà trois ans que Sophie de Vos se forme à mes côtés et c'est mon ultime fierté : avoir préparé une nouvelle génération qui est aujourd'hui prête à prendre la relève". Didier Gosuin ne quitte pas pour autant complétement la vie politique locale : il continuera de conseiller la nouvelle équipe depuis les bancs du conseil communal dont il assurera désormais la présidence.

 

 

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