Ce 24 février 2024, cela fera deux ans que la guerre entre l’Ukraine et la Russie a commencé. Depuis 2 ans, les différents services publics belges, du niveau national au niveau communal se sont mobilisés et ont travaillé ensemble afin de permettre l’accueil et l’intégration des personnes ayant trouvé refuge dans notre pays. Tant que durera ce conflit, le travail continuera pour l’ensemble des services impliqués.
Protection temporaire
Depuis le 10 mars 2022, et l’arrivée des premières personnes fuyant l’Ukraine, 77.636 attestations de protection temporaires ont été délivrées par l'Office des Etrangers, dont 15.343 attestations de protection temporaire au cours de l’année 2023.
Après avoir dû gérer un afflux massif de personnes dans les premières semaines du conflit, on dénombre encore actuellement entre 400 à 450 personnes arrivant chaque semaine dans notre pays. Les experts de la Cellule d’évaluation (Celeval) qui suivent l’évolution de cet afflux, prévoient à court terme le maintien de ce nombre d’arrivées hebdomadaires.
L’accueil et l’enregistrement de ces personnes a été réalisés par l’Office des étrangers dans les centres d’accueil et d’enregistrement mis successivement en place à Bruxelles en collaboration avec Fedasil et la Croix-Rouge de Belgique, qui s’est positionnée comme un opérateur essentiel des dispositifs d’accueil d’urgence.
Accueil d’urgence
Mise en place des centres d’accueil et d’enregistrement (Bordet, Heysel, Eurostation)
Dans l’urgence, un premier centre d’accueil s'est mis en place à l’hôpital Bordet avant de s’installer au Heysel pour améliorer la prise en charge du flux journalier important. En décembre 2022, le centre d’enregistrement prend racine à l’Eurostation, près de la gare du Midi.
Primo-accueil à la gare du Midi
De mars à fin septembre 2022, la Croix-Rouge de Belgique, en collaboration avec la Plateforme Citoyenne et le Samu Social, a également géré une cellule d’accueil et d’orientation à la Gare du Midi. Pendant plus de 6 mois, la Croix-Rouge fut le premier point de contact, dès leur descente de train, pour plus de 28.000 personnes arrivant d’Ukraine. Le dispositif de la gare du Midi, actif 7jours/7, a également permis à plus de 9.000 personnes de bénéficier d’un hébergement d’urgence.
Hébergement temporaire
A leur arrivée à Bruxelles, les personnes n’ayant pas encore obtenu de protection temporaire, (par exemple parce qu'ils arrivent lorsque les guichets des centres d’enregistrement sont fermés) sont hébergés par la Région de Bruxelles-Capitale dans un bâtiment dédié (Plasky).
Lors de leur enregistrement, 25% des personnes temporairement déplacées d'Ukraine expriment le besoin d'une solution de logement. Fedasil a ainsi orienté plus de 18.000 (18.078 personnes jusqu'au 23 janvier) personnes vers des abris de crise temporaires en collaboration avec les Régions et les communes de notre pays.
Certains publics vulnérables en provenance d’Ukraine nécessitent une solution de logement adaptée. Dans l’attente de la mise à disposition de ce type de logements spécifiques, ces personnes sont alors hébergées dans le bâtiment Ariane avant d’être orientées vers les instances régionales.
Aucune personne sous protection temporaire ne se retrouve ainsi sans une solution de logement.
Accueil durable
En Belgique, l’accueil durable de personnes présentant un titre de séjour relève de la compétence des instances régionales. La Wallonie, la Flandre et la Région de Bruxelles-Capitale se sont mobilisées pour permettre de loger à plus longue échéance les personnes le nécessitant, en collaboration notamment avec Fedasil pour assurer la répartition de l’accueil sur notre territoire, et avec les autorités locales, entre autres, pour identifier des lieux d’hébergements adaptés.
Au 31.12.2023, la répartition du nombre de personnes sous protection temporaire inscrites au registre national s’établissait comme suit :
- Royaume 58.861
- Région flamande 34.689 = 58,93%
- Région wallonne 11.272 = 19,15%
- Région de Bruxelles-Capitale 12.879 = 21,88%
Région de Bruxelles-Capitale
Alros qu’est convenu une répartition de l’accueil des personnes en provenance d’Ukraine pour 60% en Flandre, 30% en Wallonie et 10% à Bruxelles, dans les faits, du fait notamment de la volonté de ces personnes, 21,88% d'entre-elles sont inscrites au registre national d’une commune bruxelloise.
En ce qui concerne leur hébergement, la priorité a été donnée à l'hébergement chez des particuliers, ensuite dans des lieux créés par les autorités locales et enfin dans des logements collectifs développés au niveau régional.
Ces bâtiments collectifs hébergent en premier lieu des Ukrainiens qui ne peuvent rester dans d’autres circuits.
Compte tenu de l'environnement urbain et des opportunités qui en découlent, la prise en charge collective a eu principalement lieu dans des bâtiments (anciens bureaux, hôtels, maisons de repos) mis à disposition par des promoteurs et adaptés et meublés. Actuellement, il s’agit encore de 2 bâtiments.
D’autre part, un certain nombre de logements modulaires qui seront ultérieurement utilisés pour le logement social ont été fournis. Deux complexes sont opérationnels à Watermael-Boitsfort, un troisième à Molenbeek.
Environ 8.100 places sont suivies par les pouvoirs locaux et se situent soit chez les particuliers, soit dans des bâtiments de ces pouvoirs locaux. 360 personnes sont hébergées ans les cinq infrastructures d’accueil collectif régionales mis en place.
Ces chiffres sont stables depuis un certain temps, compte tenu des efforts déployés pour orienter les réfugiés ukrainiens vers le marché du logement ordinaire.
Région wallonne
Parmi les bénéficiaires d’une protection temporaire inscrits au registre national, 19% le sont en Wallonie [chiffres du 31/12/2023]. Il est bon de rappeler que les réfugiés ukrainiens sont libres de circuler et de s’installer où ils le veulent en Belgique. Ils sont 11.272 réfugiés installés en Wallonie [chiffres du 31/12/2023]. Par rapport à la répartition dans les grandes villes au niveau national, la province de Liège totalise 6%, la province du Hainaut 5%, la province du brabant wallon 3%, la province de Luxembourg 2% et 3% pour la province de Namur.
L’offre de logements chez les particuliers ayant diminué au fil des mois, des solutions de logements collectifs se sont mises en place dès la fin de l’été 2022. Avec le concours des Gouverneurs, des conventions ont été signées avec des propriétaires publics et privés pour créer des places d’hébergement. Fin décembre 2023, 37 hébergements (4 dans le brabant wallon, 8 dans le Hainaut, 7 à Liège, 13 dans le Luxembourg et 5 pour Namur) étaient conventionnés en Wallonie, pour une capacité théorique d’accueil de 1.552 places.
Ces places permettent d’héberger des ressortissants ukrainiens qui se présentent directement dans une commune sans être passés par l’Office des étrangers, et ce, dans l’attente de la régularisation de leur situation et de l’identification du lieu d’hébergement le plus adéquat. Elles permettent également de soulager les familles accueillantes qui se sont portées candidates pour héberger des réfugiés chez eux. Les informations relatives aux hébergements conventionnés sont détaillées sur le site Hébergements conventionnés | Wallonie. La gestion des places en hébergements collectifs par les Gouverneurs et les coordinateurs locaux s’effectue via une plate-forme informatique dénommée TempHoWal (pour « Temporary Hosting in Wallonia »).
Parmi les 650 personnes qui ont quitté les hébergements conventionnés, la destination est connue pour 78%. 66% ont trouvé un logement autonome, 19% sont retournés en Ukraine, 8% sont partis dans un pays tiers et 7% ont été expulsés. Au total 1.702 personnes ont été accueillies depuis le début de la crise dans ces hébergements conventionnés.
Région flamande
Au début du défi que représentait l'accueil des personnes fuyant l'Ukraine, la Flandre s'est engagée à héberger de manière permanente 60% des personnes déplacées temporairement qui sont arrivées en Belgique. Sur les 59.051 personnes déplacées temporairement en Belgique, 35.078 (59,4%) sont actuellement enregistrées en Flandre. 13.912 ou 39,67% d'entre elles sont enregistrées dans la province d'Anvers, dont 8.999 dans la ville d'Anvers. La Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Brabant flamand accueillent chacun entre 15% et 18% des personnes déplacées temporairement, et le Limbourg 11%.
Dès le début de la crise, les autorités locales se sont engagées à fournir des abris (avec le soutien financier du gouvernement flamand).
Ces abris sont répartis en trois catégories :
- Catégorie I publique : places d'hébergement créées avec ou sans travaux de rénovation : Places d'hébergement chez des particuliers, des collectivités locales ou des organismes fournissant des places à la demande de l'autorité locale.
- Catégorie II : Complexes de logements spécifiques : Places d'hébergement dans des logements subventionnés, des résidences-services, des hôtels, des auberges de jeunesse, des maisons de vacances, des chambres d'hôtes, des parcs de vacances ou d'autres hébergements touristiques.
- Catégorie III : Villages d'urgence : 3 villages d'urgence à Anvers, Malines et Gand.
Fin janvier 2024, quelque 5.400 personnes temporairement déplacées d'Ukraine séjournaient encore dans ces abris (dont 1 200 dans les villages d'urgence)
Alors qu'en 2022 et début 2023, de nombreuses personnes déplacées étaient encore hébergées dans des familles d'accueil, on constate aujourd'hui qu'une grande partie d'entre elles ont déjà trouvé un logement sur le marché immbolier privé.
L'équipe de soutien (VLOT) mise en place par le gouvernement flamand en avril 2022 continue de soutenir les autorités locales dans l'accueil et l'orientation des personnes déplacées temporairement.
En outre, en collaboration avec Fedasil, cette équipe cherche un abri en Flandre pour les nouveaux arrivants ayant besoin d'un logement.
Autres actions mises en place
Outre la question de l’hébergement, le défi consiste aussi à répondre aux besoins des réfugiés que ce soit au niveau de la santé, de l’accompagnement psycho-social, de la prise en charge des enfants, de l’emploi ou encore de la formation.
Région Wallonne
De nombreux opérateurs se sont mobilisés en matière d’accompagnement administratif, social, professionnel, juridique mais aussi psycho-social des personnes en provenance d’Ukraine, afin de leur permettre d’accéder aux droits et aux aides dont ils peuvent bénéficier compte tenu de leur statut de protection temporaire, et de faciliter leur intégration.
Dans cet objectif, le Gouvernement wallon soutient financièrement une multitude d’acteurs actifs dans le domaine de l’aide alimentaire, de l’intégration, de l’interprétariat, de l’accompagnement ethno-psychologique ou de la prise en charge bio-psycho-sociale. Un dispositif d’équipes mobiles, organisé par la Fédération des Maisons Médicales avec le soutien de la Région, apporte une écoute et une assistance aux réfugiés, en particulier les plus vulnérables, afin de les accompagner dans leurs démarches médicales et psycho-sociales et les orienter si nécessaire vers les offres de services adaptés à leurs besoins.
Région de Bruxelles-Capitale
La Région de Bruxelles-Capitale a également mis à disposition un bâtiment qui sert de ‘community center’ afin de rassembler la communauté. Ce centre a récemment déménagé de la rue du Commerce 44 à la rue de la Loi 89.
Chaque jour, des dizaines d'activités ont lieu dans le domaine du soutien administratif, des questions sur l'enseignement, le travail, la santé, des cours de langue, des activités pour les enfants, des activités culturelles et sportives, du soutien psychologique...
Chaque jour, 250 Ukrainiens en bénéficient avec de nombreux volontaires.
Région flamande
Des initiatives en matière d’intégration ont été proposées à de nombreuses personnes ayant fui l’Ukraine.
Indicateur |
Chiffres (jusqu'au 31/12/24) |
Accompagnement vers NT2 |
20.522 |
Nombre d’accompagnements individuels débutés |
15.503 |
Nombre d’insciptions à la session d’information ‘Welkom in Vlaanderen’ |
12.236 |
Nombre de personnes déplacées ayant entamé un parcours régulier après un parcours préliminaire |
1.910 |
Nombre de demandes d'interprétation effectuées en ukrainien ou en russe |
11.229 |
Croix-Rouge de Belgique
La Croix-Rouge de Belgique a récolté un total de 7.324.770 € de dons utilisés dans le cadre de leurs interventions nationales et internationales. 35% de ces dons ont été utilisés au niveau international, tant en Ukraine que dans les pays limitrophes. 65% ont été utilisés au niveau belge.
Ces dons ont permis :
- Un soutien logistique : la Croix-Rouge de Belgique a fourni une assistance logistique aux communes et provinces de Belgique accueillant dans l’urgence des réfugiés Ukrainiens : distribution de plusieurs milliers de lits de camps, de matelas, de couvertures et de kits hygiène.
- Un appui local : les entités locales de Bruxelles et en Wallonie ont apporté une aide essentielle aux réfugiés en fournissant une aide alimentaire, distribuant des kits d’hygiène, accordant l’accès aux magasins de seconde main, et aux épiceries sociales ainsi qu’au solutions de transports de la Croix-Rouge.
- Un appui psychosocial : En 2023, la Croix-Rouge de Belgique a débuté la mise en place de formations axées sur la thématique psychosociale dans le cadre du projet EU4Health. L’objectif est d'assurer un soutien en santé mentale et psychosociale aux personnes ayant fui l'Ukraine.
- Appui lien social : la Croix-Rouge de Belgique a développé le projet « Buddies » : des équipes de la Croix-Rouge de Belgique accompagnent les personnes nouvellement arrivées pour les aider à découvrir leur nouveau lieu de vie et tisser des liens.
Soutien à la coordination
Depuis le début du conflit, le Centre de crise National (NCCN) travaille avec l’ensemble des partenaires pour que l'enregistrement, l'accueil et les autres formes de soutien s'organisent le mieux possible. Différentes cellules de gestion de crise ont été activées afin de faciliter la coordination de l’accueil des personnes en provenance d’Ukraine arrivant en Belgique.
- Depuis le 28 février 2022, 45 réunions du Comité fédéral de Coordination (COFECO, rassemble des représentants des différents services et autorités impliqués), 41 réunions de la Cellule d’évaluation (CELEVAL, évalue en continu l’évolution de la situation) ont été organisées.
- Depuis le 25 février 2022, le NCCN a envoyé 256 rapports de situation à tous ses partenaires. Ce rapport donne un aperçu des principaux développements dans divers domaines et secteurs, notamment l'énergie, les infrastructures critiques, l'ordre public, la cybersécurité, la mobilité, la situation humanitaire, les télécoms, les opérations d'information, le nucléaire, l'économie, etc.
Source : Centre de crise National (NCCN)