Si pendant le confinement beaucoup d’Auderghemois ont (re)découvert les vertus de la marche et du vélo, le déconfinement a exacerbé les tensions entre les usagers de l’espace public. Pour apaiser la situation, la commune a choisi de repenser complètement sa politique d'aménagement en mettant les usagers faibles au centre des décisions.
" Les situations de conflits se multiplient ", explique Quentin Stevenart, responsable du service Espace public. " Nous sommes constamment pris en tenaille : entre les piétons et les cyclistes qui s'enguirlandent sur la promenade verte, entre les voitures limitées à 30km/h et les vélos électriques dépassant joyeusement le 50, entre les riverains qui souhaitent des bornes électriques et ceux qui pestent sur la perte de places de parking... Chacun défend son pré carré de manière très individualiste. Pour nous, c’est devenu extrêmement compliqué à gérer au quotidien ".
Pour pacifier ces rapports, la commune a décidé de revoir entièrement sa politique d'aménagement. " Il faut sortir du débat "pour ou contre" et se rendre compte que l'espace public, ça se partage. Et pas seulement entre usagers qui se déplacent. L'espace public appartient aussi à ceux qui ne se déplacent pas : les habitants quand ils sont chez eux, les enfants qui jouent dehors, les terrasses de café, etc. "
Dès cet automne, un bureau d’étude indépendant sera chargé de faire un inventaire de tous les points noirs en matière de mobilité douce. " Pour hiérarchiser les priorités, nous appliquerons le principe "Stop". C'est une approche qui est défendue par des acteurs aussi divers que le Gracq et Touring. Elle consiste à travailler depuis l’usager le plus faible pour remonter jusqu’à l’usager le moins faible : d'abord les piétons, ensuite les cyclistes, puis les transports publics et enfin les voitures ".
Sur cette base, Auderghem élaborera un nouveau plan pluriannuel d'aménagement afin de construire, petit à petit, un espace public plus apaisé.
" La commune ne pourra pas tout résoudre seule ", conclut Quentin Stevenart. " Au-delà des aménagements, il faut aussi pouvoir retrouver des notions aussi essentielles que le partage et le respect ".
Auderghem compte désormais quatre rues cyclables
Après l'avenue Théo Vanpé et l'avenue Henri de Brouckère, deux nouvelles voiries auderghemoises viennent de recevoir le statut de "rue cyclable". Il s'agit de la rue des Trois Ponts et de la rue Henri Schoofs. " Le concept de rue cyclable provoque beaucoup de malentendus et d'incompréhension ", explique Quentin Stevenart, responsable du service Espace public. " Une rue cyclable est une rue où le cycliste à la priorité absolue, tout simplement. Ce n'est donc pas une rue réservée aux seuls cyclistes et où les voitures seraient interdites. Le dispositif vise uniquement à augmenter la sécurité de ceux qui se déplacent à vélo en imposant une règle simple : dans une rue cyclable, il est interdit de dépasser les cyclistes ". Ceux-ci ont d'ailleurs le droit de rouler au milieu de leur bande de circulation.