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24/12

Participation citoyenne. Et après ?

Bien qu'ayant enregistré des taux records de participation, la commune d'Auderghem remet en question l'efficacité de ses dispositifs participatifs et envisage, suite aux conclusions d'un colloque, une refonte totale de ceux-ci.

Ces quatre dernières années, entre 8.000 et 10.000 Auderghemois ont pris part aux différentes initiatives participatives de la commune. Cela signifie qu’environ un Auderghemois sur trois, âgé de plus de 18 ans, a participé à un dispositif tel que le Budget Partagé, l’Assemblée des Habitants et/ou les consultations publiques.

« Susciter l’engagement d’un tiers de la population est assez impressionnant, étant donné que le taux moyen de participation en Europe est généralement de 3 à 7% », explique Sarah Touil, responsable de la participation citoyenne à Auderghem. « La participation citoyenne à Auderghem peut donc raisonnablement être considérée comme une réussite. »

Les clés de cette réussite ? « Il dépend de plusieurs facteurs mais deux sont probablement déterminants : le montant du Budget Partagé qui est proportionnellement le plus élevé de Belgique et le fait que, contrairement à ce qui se passe ailleurs, les habitants décident de tout, sans interférence du politique. »

Cependant, malgré ce succès, une réalité plus complexe se dessine. Sophie de Vos, Bourgmestre d'Auderghem, constate : « Nous rencontrons de réelles difficultés à fidéliser les membres de l’Assemblée des Habitants. Sur les 100 membres qui la composent, nous observons un taux élevé d’abandon, notamment parmi un public déjà minoritaire dans le débat public, tels que les jeunes, les personnes d’origine étrangère, les demandeurs d’emploi, les femmes, etc. »

À ce premier constat s’ajoute un deuxième : ceux qui choisissent de participer sont généralement des personnes déjà impliquées au niveau local et engagées sur divers aspects sociétaux.

C'est un problème car l'objectif de la participation citoyenne est avant tout d'atteindre et d'impliquer l'ensemble, ou du moins une partie représentative, de la population en incluant ceux qui s'expriment déjà, mais surtout ceux qu'on entend le moins. Comment résoudre la crise de confiance entre le citoyen et la politique si une partie significative de la population n’est pas impliquée ? 

Face à ce contexte, la commune a organisé, en novembre dernier, un colloque international rassemblant des chercheurs universitaires, des praticiens, des représentants politiques, des fonctionnaires et des citoyens. Les conclusions ? La participation citoyenne n’est pas suffisante à elle seule : il est nécessaire de la réinventer. 

« Réinventer ne signifie toutefois pas tout rejeter en bloc » précise Sarah Touil. « Les dispositifs tels que l’Assemblée des Habitants et le Budget Partagé se sont révélés probants, mais ils ne suffisent pas. Dans le but de renforcer ces mécanismes, nous avons conclu qu'une approche plus globale et diversifiée de la participation était nécessaire. Cette approche doit être conçue afin de faciliter la participation de tous les citoyens, en prenant en compte leur disponibilité, leurs préférences et leurs aspirations. »

Pour poursuivre les travaux du colloque, un groupe de travail sera prochainement constitué avec pour mission de définir cette nouvelle approche.

« La démocratie est en crise et je suis convaincue que la réponse à cette crise viendra du local », conclut Sophie de Vos. « Vu les résultats que nous avons obtenus, nous avons à Auderghem une vraie responsabilité. Nous ne pouvons donc pas nous contenter de nos succès. Nous devons aller plus loin, et c’est ce que nous allons faire ».

Pour consulter la synthèse du colloque, cliquez ici