Question orale de Madame Martine Maelschalck et Monsieur Jérémy Van Gorp (MR-Open VLD) : Noms de femmes dans la désignation des espaces publics
Monsieur le Président du Conseil,
Chers Collègues,
Le 8 mars, lors de la Journée internationale de la Femme, la journaliste Sophie Lemaire de la chaîne publique néerlandophone VRT, a constaté que dans beaucoup de grandes villes, seules 15% des rues portent un nom féminin alors que dans l’histoire de ces villes, nombre de femmes ont fait, construit ou pensé des choses extraordinaires. Elle a donc lancé un appel pour davantage de noms de rue féminins, y compris à Bruxelles.
Force est de constater que dans notre commune, les femmes ne sont pas non plus suffisamment présentes dans la désignation des rues ou des autres lieux publics. Sur les 235 rues d’Auderghem, 134 portent le nom d’un homme et seulement 7 portent le nom d’une femme donc 4 d’inspiration religieuse et seulement deux femmes contemporaines : Carrefour St-Anne, Avenue St-Anne, Drève Aleyde de Brabant, Drève des Dames Blanches, Drève des Madones, Drève Louisa Chaudoir et Avenue Ginette Javaux. Cette dernière a été honorée en 2005. A noter que d’autres espaces publics - comme les salles de sports communales ou autres lieux de la commune – ne portent pas non plus de noms de femmes.
Comme libéraux, nous pensons qu’il faut remédier cette situation et nous proposons trois pistes potentielles. Les livres et photos de Louis Schreyers et des autres historiens d’Auderghem nousq parlent de nombreuses femmes qui ont joué un rôle important et inspirant dans la vie de notre commune – pensons aux femmes actives dans le Comité National de Secours et d’Alimentation à Auderghem durant la Première Guerre Mondiale.
Le dictionnaire des femmes Belges - 19 et 20ieme siècle, édité par Eliane Gubin de l’ULB, nous décrit quatre figures impressionnantes qui ont toutes œuvré en vue de l’égalité des hommes et des femmes et qui ont un lien avec Auderghem :
- Odette De Wynter (1927-1988) : première femme notaire Belge, nommée à Auderghem en 1955 ;
- Christiane Duchaine, (1905-1982) : médecin, résistante et féministe, elle a travaillé de 1926 à 1956 dans le sanatorium Prince Léopold à Auderghem et fut une figure marquante de la lutte contre la tuberculose ;
- Emilie Noulet (1892-1976): née à Auderghem, elle devient la première femme diplômée de la section philologie romane de l’ULB. Malgré une réputation dans le monde de la critique littéraire, elle a dû se battre pour obtenir son poste de professeur ordinaire à l’ULB à l’âge de 61 ans;
- Marie-Thérèse Guillaume (1909-1981) : professeure, romancière, essayiste. Elle s’installe avec son mari à Auderghem où leur maison devient un endroit de rencontres avec des écrivains et poètes. Mère de l’écrivain Anne Richter et grand-mère de l’essayiste Florence Richter.
Nous sommes certains qu’en nous penchant sur l’histoire de notre commune, nous trouverions encore d’autres exemples.
En conséquence, voici nos trois questions et propositions :
- La commune a-t-elle une sorte de short list pour de potentiels futurs noms des rues ou espaces publics communaux ? Si oui, des noms de femmes y figurent-ils? Si non, est-ce que un groupe de travail peut être créé pour composer une telle liste ?
- Faute de création de nouvelles rues ou espaces publics à Auderghem à court terme, la commune a beaucoup de petites venelles entre des rues qui n’ont pas de nom (par exemple l’escalier entre Rue Louis Vercauteren et Rue Villageois dans le quartier de Saint-Anne ou le passage entre l’Avenue Hermann-Debroux et le Clos des Pommiers Fleuris), ou des plaines de jeux sans nom spécifique. Pourquoi ne pas lancer un projet pour donner à ces passerelles et plaines de jeu un nom d’une femme?
- Est-il possible de créer un sentier digital thématique - comme cela a été fait pour les victimes de la Grande Guerre - qui mènerait vers les différents endroits où ces femmes travaillaient/vivaient/se sont illustrées dans notre commune?
Je vous remercie.
Jérémy Van Gorp et Martine Maelschalck, conseillers communaux MR-OpenVLD
- Réponse de Madame Sophie de Vos - Bourgmestre
Premier point à porter à votre attention c’est que si Auderghem ne dispose que de peu d’artères portant le nom de femmes, c’est parce que, et la lecture du livre de Louis Schreyers vous l’aura appris également, notre commune est probablement la seule de Belgique à avoir honoré l’ensemble de ses victimes de la première guerre mondiale en leur attribuant des noms de rues (ainsi qu’à une bonne partie des victimes de la seconde guerre mondiale d’ailleurs – après il n’y avait plus assez de rues)
Nous avons par ailleurs honoré l’ensemble de nos peintres en attribuant le nom de l’artiste Ginette javaux à la dernière voirie baptisée (en même temps que clos Outers et Crommelynck)
Pour répondre précisément à vos questions maintenant :
1/ il n’existe pas de short list gravée dans le marbre à suivre obligatoirement mais la volonté est là d’honorer la gent féminine dès que possible et une liste a été réalisée l’année dernière à ma demande par le cercle d’histoire
2/ OK pour certaines d’entre elles – voir à nouveau dossier cercle d’histoire où des propositons précises sont faites
en fonction de l’endroit où la femme avait vécu ou travaillé…
je ne voudrais cependant pas faire penser que les femmes illustres sont « réduites » à donner leurs noms à des venelles ou à des plaines de jeu et j’aimerais proposer aussi des attributions plus ambitieuses lorsque de nouvelles voiries seront à baptiser.
3/ pourquoi pas également – mais attention que le parcours promenade digital auquel vous faites allusion reliait divers endroits du vieil auderghem dont certains en lien avec les 2 guerres mondiales, dans un tout cohérent et réalisable à pied en 2h environ, en passant par les endroits les plus jolis et/ou symboliques. En plus de cela, chaque rue portant le nom d’une victime de guerre a été agrémentée d’une plaque commémorative. Mais il n’y avait pas de promenade reliant toutes rues portant le nom de victimes à proprement parler, vu la quantité d’entre elles et le manque de logique/d’intérêt d’ensemble.
Votre proposition devrait donc être étudiée en fonction des lieux et du parcours que cela pourrait générer.