Question orale de Monsieur Jeremy Van Gorp et de Madame Martine Maelschalck (MR-Open VLD) à propos de la fermeture de l’école Pré des Agneaux pour cause de Covid-19
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
L’école Pré des Agneaux est fermée depuis la semaine dernière pour cause de Covid-19. Il semble que le virus « tourne » à l’école depuis avant le congé de carnaval. Aucune information n’avait cependant été donnée aux parents à ce moment.
A partir du vendredi 5 mars, les informations contradictoires (sur Whatsapp et Klassroom) se sont succédées : professeurs demandant aux enfants de ramener toutes leurs affaires à la maison « au cas où », « maladresse » d’un enseignant, pas question de fermer l’école puis contrainte de fermer l’école primaire et maternelle, professeurs testés positifs, fermeture administrative ou sanitaire, garderie ou non, quarantaine ou « vigilance accrue », demande de testing pour certaines classes mais pas pour toutes…
Nos questions sont les suivantes :
- Quand avez-vous été informés d’un problème de covid dans l’école ?
- L’école n’a-t-elle pas manqué de transparence dans sa communication ?
- Quel support l’école a-t-elle reçu du pouvoir organisateur ?
- Comment se fait-il qu’une procédure claire n’ait pas encore été mise au point en cas de covid dans les écoles communales, un an après le début de la pandémie ?
Nous vous remercions.
Jeremy Van Gorp et Martine Maelschalck, conseillers communaux MR-Open VLD
Réponse de Madame Élise Willame, Échevine :
Bonjour Mesdames et Messieurs les conseillers.ères,
Merci pour ces questions qui me permettent de faire le point sur une situation particulièrement difficile pour plusieurs de nos écoles (communales ou non d’ailleurs) qui ont été touchées de plein fouet par la crise sanitaire ces dernières semaines. Deux des membres de notre personnel sont hospitalisés à l’heure actuelle.
Vous me permettrez d’être un peu plus longue qu’à l’accoutumée, mais la réalité et les faits ont leurs droits et c’est par là que je souhaite commencer, afin de comprendre le déroulé des événements et ce qui a mené à la fermeture de deux de nos écoles ces dernières semaines.
Je vais débuter par la situation au Centre Scolaire du Pré des Agneaux.
Le premier cas d’enfant testé positif à la Covid-19 a été rapporté le 9/02. Ce cas, comme tous les autres d’ailleurs, a fait l’objet d’un signalement au centre de Promotion de la Santé à l’école (PSE), organisme qui est compétent en matière de gestion des cas chez les enfants, et de mise en place d’un protocole sanitaire, et ce depuis le début de la crise. Il était de notre devoir d’agir conformément à ces directives.
Dans pareil cas en effet, le centre PSE a organisé ce que l’on appelle communément un tracing auprès de l’enfant, via ses parents, afin de savoir quels enfants en classe sont considérés comme « contact à haut risque » et à « bas risque ». En fonction de chaque situation, le PSE prend la décision d’écarter un, ou plusieurs enfants, voire de fermer la classe entière.
Les enfants considérés à « haut risque » sont alors mis en quarantaine et des QR codes sont envoyés aux familles pour réaliser les tests. Les parents des enfants concernés sont à chaque fois informés de manière très régulière et en fonction des informations reçues par le PSE, sur les plateformes de communication propres à l’école (groupe what’s app, klassroom). Ces informations sont doublées par des courriers officiels du PSE envoyés aux familles concernées.
Pour le dire plus clairement encore, toutes les décisions que vous interrogez n’appartiennent donc absolument pas au Pouvoir Organisateur mais bien au PSE.
Après l’annonce de ce premier cas au Centre Scolaire du Pré des Agneaux, le nombre d’enfants testés positifs n’a fait qu’augmenter. Le centre PSE a donc pris la décision, après un tracing de fermer certaines classes, de mettre les enfants en quarantaine et de les soumettre à un testing.
Juste avant les congés de carnaval, suite au test positif d’un enseignant d’une classe de maternelle, le tracing a contacté tous les membres de l’équipe pour faire tester les enseignants de ce niveau. Une classe de maternelle a ensuite été fermée.
Durant le semaine de congé, alors que j’avais constaté une importante aggravation de la situation à savoir 5 enfants positifs (3 en P6, 1 en P5 et 1 en P2), 3 enseignants positifs (2 titulaires et une volante) et la non-fermeture de certaines classes, j’ai pris l’initiative de contacter moi-même le médecin du centre PSE afin de discuter avec lui des protocoles et d’envisager la possibilité de fermer plus de classes que celles conseillées. À ce moment-là, selon le médecin, l’élargissement de la fermeture desdites classes n’a pas été jugé nécessaire et, toujours selon le médecin, le tracing et la mise en quarantaine de certains enfants étaient jugés suffisants. Dont acte.
Au retour du congé, la contamination de certains enseignants et une mise en quarantaine d’autres, a eu pour conséquence que 5 classes se retrouvent sans titulaire. Cette situation devenait de plus en plus difficile à gérer et de nombreuses inquiétudes des parents ont été formulées.
Nous tentons alors, à partir de ce moment-là et à plusieurs reprises, de demander au centre PSE de déclarer une fermeture pour des raisons « sanitaires » et de tester l’ensemble des enfants et de l’équipe. Encore une fois, on nous oppose une fin de non-recevoir.
Finalement, cette même semaine, le 10 mars en soirée, après un entretien téléphonique avec la médecine de travail, le médecin référent nous conseille - enfin ! - de fermer l’école pour des raisons administratives au vu du peu d’enseignants présents et du risque de devoir mélanger des classes et de risquer par là même d’augmenter encore le nombre de contaminations. Il s’agit alors ici, puisque ce sont des raisons administratives, d’une décision du PO, que nous prenons le soir même.
Les parents sont alors directement avertis via klassroom par la directrice de l’école. Malheureusement, via les réseaux sociaux, des informations, parfois inexactes, circulent dès le soir même, ce qui n’apaise en rien la situation et n’aide pas les parents quelque peu désemparés.
Le lendemain, avec l’équipe de direction, nous tentons d’obtenir des informations officielles de la COCOM, l'organe qui est censé valider les fermetures d’écoles. Nous avons un contact téléphonique en matinée et l’écrit officiel ne nous parvient qu’à 16h30. Entre temps et face aux vives inquiétudes des parents, parfaitement compréhensibles par ailleurs, le PO transmet un courrier aux familles annonçant une fermeture administrative liée à la mise en quarantaine de tous les membres de l’équipe (accueillantes et équipe d’entretien compris). La presse s’était malheureusement déjà emparée de l’information et l’a diffusée avant notre communication officielle, ce que nous regrettons au vu du contexte déjà difficile pour toutes les familles et le personnel éducatif, mais que nous ne pouvons évidemment ni contrôler ni empêcher.
Ce jour-là, nous avons insisté auprès de la COCOM pour qu’un testing généralisé des enfants soit organisé, mais nous n’avons pas été suivis. Par contre, la COCOM a consenti à organiser un test généralisé de l’équipe entière et le 2e test a été réalisé à l’école par une équipe mobile.
Ce n’est qu’en date du 17/03 que la décision du testing généralisé des enfants encore non testés a été prise par la COCOM. Il a été organisé à l’école le samedi 20/03. Une très grande majorité des enfants se sont présentés et ont été testés. À ce moment-là, 3 enfants sont encore déclarés positifs à la Covid19.
Cette décision tardive de testing n’a pas aidé à l’organisation sereine de la rentrée. En effet, les enfants ayant été testés à des moments différents et leurs quarantaines ayant débuté à différents moments, cela a donné lieu a beaucoup de questions, d’inquiétudes et d’incompréhensions tout à fait légitimes dans le chef des parents.
Finalement, nous avons pu rouvrir l’école le 22 mars, mais sans équipe de direction ni secrétaire (écarté pour cause de COVID-19). C’est donc grâce à l’engagement de l’ensemble de l’équipe enseignante, des accueillantes et du service Enseignement que cette rentrée a pu avoir lieu dans les conditions les plus sereines possibles au vu de la situation.
Madame Maelschalck, vous me posiez la question de savoir si l’école n’avait pas, je vous cite « manqué de transparence » dans la gestion de la crise sanitaire au sein de nos écoles. Ce n’est absolument pas le cas, en ce qui concerne le partage d’informations entre l’école et le PO. La direction de l’école et le PO ont chaque fois communiqué, relayé les informations officielles transmises par les autorités sanitaires, et cela en dépit de prises de position pas toujours cohérentes et parfois très lentes dans le chef de ces autorités, et cela au point, comme je viens de vous le dire, que le PO a parfois du se substituer au PSE pour fermer des classes ou même fermer l’école.
J’en profite aussi pour rappeler que la directrice de cette école est entrée en fonction le 1er mars et que c’est grâce à son engagement, ainsi qu’a celle du secrétariat, du directeur ad intérim et de toute l’équipe, que cette crise a pu être gérée avec un grand professionnalisme. Je tiens d’ailleurs a les en remercier très chaleureusement.
Par contre, il est évident que nous ne maîtrisons pas toute la communication : nous ne sommes pas responsables des choix et de la communication des autorités sanitaires, encore moins de la presse ou de ce qui est publié sur les réseaux sociaux.
Je peux aussi vous dire que le PO a apporté un soutien sans faille à l’école. J’ai moi -même passé des nombreuses heures à accompagner la direction, à tenter de convaincre le PSE et la COCOM à partir des inquiétudes qui étaient les nôtres. Mon service s’est engagé, dès la détection des premiers cas, au côté de la direction pour venir en support. Je les en remercie aussi.
Enfin, si la gestion a pu paraître aux parents chaotique et difficile, ce que je peux légitimement comprendre, il n’en a rien été du côté de la direction, de l’ensemble de l’équipe et de mon service. Bien heureusement d’ailleurs, car je crains que les jours qui viennent d’ici les vacances de Pâques et après celles-ci ne nous réservent pas nécessairement des décisions claires, facilement applicables et aisées à comprendre pour les familles.
J’ose espérer que les faits que je viens de partager avec vous nous permettront d’éviter la mise en cause de ceux et celles qui sont en première ligne et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes face à une situation complètement inédite, dont on ne voit pas la fin et dont les modalités changent de semaine en semaine. Ils et elles ne méritent pas cela. J’en appelle donc à ne pas ajouter du chaos au chaos et à tenter de retrouver un ton adéquat, permettant à tous d’appliquer de la manière la plus compréhensible possible pour tous des décisions aussi désagréables que difficiles.
Je vais maintenant répondre à Madame Paulissen concernant la situation de nos autres écoles, la voici
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Au Centre Scolaire du Souverain, 2 classes de 6ème primaire ont été fermées jusqu’au 21 mars inclus. Suite à la détection d’un cas positif auprès d’une enseignante le 20/03, deux classes de 5e primaire ont été fermées jusqu’au 29/03. Les horaires de garderies ont du être raccourci ce 24 mars lié aux nombreuses absences dans nos équipes accueillantes.
Au Centre Scolaire du Blankedelle, le jeudi 11 mars, c’est le PSE qui a pris la décision de fermer les 2 classes de 3e primaire.
Les parents ont tous été appelés personnellement afin d’expliquer la situation et les 2 tests à effectuer.
L’ avis du PSE a été distribué, en version papier, aux enfants qui étaient encore là et a été publié sur le Klassroom des 2 classes concernées. Le PSE s’est chargé d’envoyer les codes pour les tests.
La situation a commencé à devenir plus tendue le 16.03; nous devions déplorer l’absence de 12 enseignant.es et de 3 accueillantes en quarantaine.
Chez les enfants, nous recensions 8 cas dans une classe de 3e primaire, et un cas dans une classe de 6e primaire.
Finalement, 17.03, la COCOM décidera de la fermeture administrative de l’école. Le médecin de la COCOM préconisera aussi un testing généralisé de toute l’équipe et des élèves du primaire (enseignant.es, directions, accueillantes ; équipe d’entretien).
Le testing des enfants (2e test) est organisé le 24/03 à l’école. Vu la mise en quarantaine de l’ensemble
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de l’équipe, j’ai coordonné personnellement l’organisation de ce testing avec une partie de mon
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service et deux enseignants déjà testés négatifs. Je tiens d’ailleurs à les remercier de leur présence très
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précieuse auprès des élèves.
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Enfin, au Centre Scolaires des Marronniers, pour le moment, nous n’avons pas connaissance de cas d’élèves ou d’enseignants touchés. La direction est néanmoins en quarantaine pour les prochaines semaines.
Face à cette situation plus que tendue dans nos centres scolaires, mon service a mis sur pied un protocole strict que nous avons communiqué à nos équipes dès le lundi 22/03 à savoir le strict respect des gestes barrières, le lavage des mains systématiques, le port du masque constant. Nous avons aussi demandé aux équipes de ne pas se réunir sauf en cas d’absolue nécessité et de préférer manger en petits groupes de deux ou trois personnes maximum.
Il a aussi été demandé aux adultes de garder une distance entre eux, en ce compris durant les surveillances, et d'aérer très régulièrement les locaux. Les regroupements dans la salle du personnel ou dans un local quelconque sont à proscrire. Pour des raisons évidentes, les éventuelles pauses cigarette doivent impérativement se faire individuellement et à l’écart de l’école.
Les quelques rares enseignants, maîtres spéciaux, qui circulaient encore dans plusieurs écoles ont été rattachés dans un seul centre scolaire. Il en va ainsi des professeurs de gymnastique et de l’orthopédagogue.
Dans le même ordre d’idée, il est demandé aux enseignants en co-titulariat de ne plus faire bouger leurs élèves de local, mais de se déplacer eux-mêmes entre les deux classes. Nous avons aussi mis un terme aux activités parascolaires, en ce compris l’Académie pour deux de nos écoles, et ce jusqu’au retour du congé des Pâques.
À l’initiative du PO, des masques chirurgicaux plus efficaces que les masques en tissu ont été distribués aux enseignants dès le 22.03, il est demandé expressément que les enseignants portent à l’école uniquement ces modèles de masques qui leur seront fournis jusqu’au congé de Pâques.
Il a été recommandé aux enseignants, consigne précédant la commission de concertation du gouvernement du 19.03, d’inviter les professeurs de cinquième et sixième primaires à proposer le port du masque à leurs élèves.
Enfin, comme nous l’apprenions hier, l’ensemble de nos classes de primaire et de maternelles ainsi que notre Académie et notre Institut de Promotion sociale devront refermer leurs portes dès ce lundi 29 mars.
Le contact pédagogique est déjà organisé en fonction des prochaines circulaires qui nous parviendrons.
Je tiens encore à remercier l’ensemble de nos équipes : le service Enseignement, les éducateurs de la CEMPA, les accueillants extra-scolaire, nos équipes éducatives, nos concierges et notre personnel d’entretien et enfin nos courageuses directions d’écoles de leur engagement sans failles aux côtés des nos enfants dans ces temps troublés.
Je pense aussi beaucoup au personnel qui est encore touché de plein fouet par cette crise sanitaire et qui subit encore aujourd’hui les conséquences de ce virus.
Je vous remercie de votre écoute.